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Islande, épisode 11 - La planète Krafla

  • Pierre Crançon
  • 3 août 2016
  • 3 min de lecture

Changeons de planète. Venant de la côte Est, dans un décors relativement verdoyant (quoique de plus en plus sauvage à mesure que nous laissons le Sud de l'Islande derrière nous), l'arrivée dans la région du lac de Myvatn se traduit par un changement assez spectaculaire : l'Islande nous rappelle ainsi assez brutalement sa nature volcanique.

Nous laissons derrière nous la route 1 et rentrons dans le massif haut en couleurs du volcan Krafla, vaste système volcanique sous-glaciaire centré autour d'une caldeira d'effondrement. Son histoire est ancienne et commence il y a plus de 100000 ans à l'ère glaciaire, et se poursuit jusqu'à nos jours.

(Comme toujours, n'oubliez pas de cliquer sur les photos pour agrandir !)

La ride palagonitique du volcan Krafla, et en arrière plan le Hlíðarfjall.

L'activité volcanique "récente" est représentée tout d'abord par le Víti, maar résultat d'une éruption phréato-magmatioque datée de 1924. Le fond du cratère est aujourd'hui occupé par un lac teinté de bleu par la présence d'algues siliceuses.

Le maar du Víti.

L'activité volcanique de cette époque ne se limite pas au Viti : des éruptions fissurales et des tremblements de terre se produisent jusqu'en 1729, en particulier à partir de Leirhnjúkur, une longue fissure qui s'ouvre le 11 janvier 1725 au nord-ouest di Viti. C'est ce même système de fissures qui s'est réactivé plus récemment entre 1975 et 1984, donnant de spectaculaires épanchements de laves : la coulée de Leirhnjúkshraun, qui est encore chaude aujourd'hui et continue à se dégazer, ainsi que la zone de solfatares, de mares de boue et de fumerolles qui la jouxte.

C'est cet univers volcanique que je vous propose de découvrir maintenant.

La coulée récente du Leirhnjúkshraun : une langue noire dans le paysage..

Ci-dessus : quand fracturation de l'écorce terrestre et volcanisme se mêlent intimement ...

De la ride du Krafla, la vue plonge sur la fissure active du Leirhnjúkur et ses cônes volcaniques, toujours riches en fumerolles, et sur le champ de lave des coulées "fraiches" de 1984

Dès l'entrée dans la zone du Leirhnjúkshraun, on change brutalement de monde. La coulée, tantôt scoriacée, tantôt en laves cordée, s'étend tel un désert minéral de part et d'autre de la fissure éruptive, sur des distances allant de quelques centaines de mètres à plusieurs kilomètres. On y distingue clairement les chenaux de coulée qui se sont échappés des évents de fontaine de lave.

Les coulées de lave et la fissure active du Leirhnjúkur, dont le tracé est clairement surligné par les fumerolles

Au centre du système volcanique, la fissure éruptive de 1984 (ci-dessus) est parsemée de cônes soudés (spatter cones) qui furent les évents des fontaines de lave, dont les plus gros atteignent une dizaine de mètres de hauteur et plusieurs dizaines de m de diamètre. La plupart des évents alignés sur la fissurent émettent encore beaucoup de gaz (essentiellement de la vapeur d'eau, mais également hydrogène sulfuré).

Le sentier s'étire entre entre les mousses vert tendre qui colonisent la coulée, le noir intense des laves et le rouge vif des zones rubéfiées par la chaleur, c'est un feu d'artifice de couleurs ... complété par l'odeur omniprésente des gazs volcaniques. Ambiance ..

Ci-dessous : spatter-cone laissant entrevoir des scories rubéfiées, signe de hautes températures. On se trouve ici au point de sortie d'une des fontaines de lave de 1984.

​La tectonique récente et continue du rift ouvre de nouvelles fractures d'ouverture et de profondeur métrique, qui traversent les cônes volcaniques de 1984 ... cette zone en expansion permanente est l'une des plus actives d'Islande : on touche du doigt la séparation des plaques eurasienne et américaine.

Fracturation récente affectant la coulée et un cône du Leirhnjúkur.

Pour Julien et Léo, un grand pas entre deux continents ...

L'activité volcanique du Krafla se manifeste également par une multitude de zones fumerolliennes qui colorent le paysage d'une riche palette de teintes variées et soutenues.

En contrebas du Krafla, Námafjall, la "montagne à prendre" (car on y extrayait le soufre au 16ieme et 17ieme siècle). Il s'agit d'une crête palagonitique riche en fumerolles, sources chaudes et autres mares de boue bouillonnantes. N'y cherchez pas de vévégation ...

La ride palagonitique colorée de rouge-orangé et les fumerolles du Krafla. Ici une source chaude riche en silice et acidifiée par la présence de fumerolles (émission de H2S et/ou SO2). Ci-dessous, l'évent d'une fumerolle riche en vapeurs sulfureuses de "basse température" (< 120°C) : le soufre sublimé se dépose sous forme d'un solide cristallisé de couleur jaune. Plus chaud, et il fondra en prenant une couleur orange à rouge.

Un évent fumerollien à Námafjall.

Mare de boue à Námafjall.

Dans les mares de boue, l'ébullition liée au dégazage continu et la forte viscosité de la boue permettent de d'observer facilement la séquence d'éclatement des bulles de boue.

La région de Myvatn, située au coeur du fossé d'effondrement au nord de l'Islande, est très riche en manifestations d'activité volcaniques de ce type (mais pas que !!).

La suite au prochain épisode ;-)

 
 
 
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